Perdue en mer et retrouvée 13 mois plus tard, est une histoire qui commence tristement, mais qui se termine comme dans les contes de fées. C’est une histoire que je souhaite partager avec vous, parce que la navigation réserve des joies et des peines aussi. C’est l’histoire de notre petite chatte, Ysé, que nous avons perdu dans la nuit du 19 au 20 Août 2018, à cause du vent. Nous étions alors au mouillage, dans la baie d’Elounda, en Crète, et attendions une place à la marina d’Agios Nikolaos.
Perdue en mer et retrouvée 13 mois plus tard
Chapitre I
Petit retour un an plus tôt :
Quand on arrive en Crète pour la première fois le 31 juillet 2018, cela fait un peu plus d’un an que nous naviguons en Grèce. Nous trouvons Ysé sur l’île d’Othoni (au nord de Corfou) en juillet 2017. Elle mendiait à la taverna où nous mangions et n’appartenait à personne, comme la plupart des chats en Grèce. Quelques secondes ont suffi pour nous décider de faire d’elle notre troisième équipière. Elle n’a alors que quelques semaines.
A partir de ce moment-là, elle ne nous quitte plus et avale les milles avec bravoure. On redescend toutes les îles ioniennes, le golfe de Patras, puis celui de Corinthe, le passage du canal de Corinthe, les premiers milles en mer Egée, les Cyclades, les îles du Dodécanèse, Rhodes, les Sporades de l’est et le premier hivernage à flot dans la marina de Lesbos, pendant l’hiver 2017 – 2018.
Au printemps 2018, l’équipée Sauvage reprend la navigation, objectif : la Crète. Nous arrivons enfin le 31 juillet dans la baie d’Elounda, au nord-est de la Crète. Tout se passe bien jusqu’à cette nuit fatidique du 19 août 2018.
Chapitre II
La nuit du drame :
Ce soir-là, nous savons qu’un fort vent de nord-ouest est prévu dans la nuit. Toutes les mesures sont prises : énième vérification de l’ancre, quelques mètres supplémentaires de chaîne sont lâchés, tout devrait bien se passer. La baie est bien abritée du nord-ouest et ce n’est pas la première fois que nous allons expérimenter cette situation. C’est certainement la violence des rafales qui nous réveille à 4h00 du matin. Ysé est toujours dans le bateau, contente de voir du monde debout à 4h00 et en profite pour avoir quelques croquettes de plus. Jusqu’ici, tout va bien. On retourne se coucher car je me lève à 6h00 pour aller travailler à la plantation d’olive où je suis guide pour la saison et fais la dégustation d’huile d’olive aux touristes français et anglais qui viennent visiter le domaine.
A 6h00, le réveil sonne, je me lève. Je sens tout de suite qu’il y a quelque chose qui cloche. En effet, Ysé ne vient pas me faire la fête ce matin. Je sors et me rends dans le cockpit. J’appelle. Ysé n’est plus là. C’est panique à bord…La veille nous avions remonté l’échelle. Il n’y avait donc rien pour lui permettre de remonter à bord au cas où elle tomberait à l’eau. Mon ami voit les traces de griffes au cul du bateau. Nous n’étions qu’à quelques mètres et n’avions rien entendu. On fond en larme. A partir de ce moment-là, un sentiment de culpabilité et de tristesse s’abat sur nous et ne nous quittera plus. Désormais, la Crète n’aura pour nous plus qu’un goût amer, malgré les belles choses qui nous sont arrivées.
A sa recherche :
Nous la chercherons pendant des semaines et des semaines dans tout le village. La baie d’Elounda est immense. Devant nous se trouve la plage, et loin derrière, une côte. Etant donné la force et la direction du vent, la côte est donc le seul endroit pour nous où elle peut se trouver si elle a survécu. Mais plus on voit la distance qui sépare le bateau de la côte, et plus nos espoirs s’amoindrissent. Il est impossible qu’elle ait survécu. En plus, si elle s’est épuisée à vouloir remonter sur le bateau…
Notre amie Donatienne, qui vit en Crète depuis plus de 15 ans et qui connaît beaucoup de monde, partage la photo d’Ysé sur les réseaux sociaux, puis l’envoie aux associations d’animaux les plus proches. Elle me propose aussi de faire des affiches. C’est au-dessus de mes forces, je ne veux pas voir la photo d’Ysé à chaque fois que je descends au village, et je suis sûre qu’elle n’a pu survivre.
Le 21 septembre 2018, nous quittons la baie d’Elounda pour nous rendre à la marina d’Agios Nikolaos où nous resterons 6 mois…
A suivre la semaine prochaine: Perdue en mer et retrouvée 13 mois plus tard, deuxième et dernière partie.