Pourquoi prendre le large ? Voilà bien une expression purement terrienne que les marins n’utilisent pas ! Si je devais résumer ma situation en une phrase, ce serait : ce n’est pas la mer qui m’a prise, c’est moi qui ai pris la mer…à moins que ce soit le large.
D’une certaine manière, je pense que j’ai pris la fuite. On retrouve cette expression quand on est dans une situation difficile en mer : on prend la fuite. Vent arrière, on fait le dos rond et on ne rechigne pas à aller dans une direction opposée à notre objectif initial, question de survie parfois. Puis un soir, allez savoir pourquoi ce soir-là, le soleil se couche de traviole et la lune se lève avec deux pieds gauches. Et c’est la cogite, la gamberge, qui font le reste.
Mais pourquoi prendre le large ?
Dans quel but ? Faut-il avoir un but à tout prix lorsque nous partons en voyage sans date de retour ? Que cherchons-nous ? Qu’est-ce qui a pu déclencher cette fameuse fuite ?
J’aurais très bien pu rester à Paris et continuer à travailler dans mon métier de cœur : l’hôtellerie. Pour moi, l’entreprise était le monde de l’île aux enfants ! J’ai travaillé dans ce secteur pendant près de 16 ans et je ne le regrette pas. Peu à peu, l’île aux enfants a pris des allures de château de Bran…Et Casimir s’est réincarné en Prince Vlad (loin d’être charmant). Pour continuer le marathon, il fallait être COMPETITIF, DIRIGISTE, Parler à la première personne: « JE » ET BANNIR le « NOUS », avoir de l’AUTORITE, inspirer LA PEUR, donc le respect.
Ben ça, je ne sais pas faire et pas envie non plus d’apprendre. Les portes de ce nouveau pénitencier se sont donc refermées petit à petit sur moi. Je ne compte pas le nombre d’entretiens obtenus, passés, repassés pour entendre la conclusion suivante : « Vous êtes une très belle personne mais vous manquez d’AUTORITE ».J’ai toujours dirigé des équipes avec les mêmes priorités : cohésion et installation d’un dialogue. Je n’ai jamais eu affaire à un manque de respect de la part de mes collaborateurs et tout ça au bénéfice de l’entreprise. Avec le recul, je pense que je n’avais pas la hargne nécessaire pour continuer dans la voie que l’on me demandait. Pas plus envie de diriger que d’être dirigée. Alors, ce fut pour moi une évidence, j’ai fui la tempête, j’ai gagné « l’abri du large*».
Et maintenant, même si je ne sais pas exactement ce que je cherche encore, je peux au moins en déduire ce que je ne veux plus ! Alors je continue, je navigue, je navigue, encore et encore et si je pouvais ne jamais m’arrêter, je crois que cela m’irait très bien !